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Henry, du Cercle de l’Aviron de Paris ; mais il donna à entendre, qu’il n’y avait là aucun précédent dont on pût se prévaloir. Tous mes efforts tendirent donc à obtenir une convention. Nos succès m’y aidèrent. Mac Henry, en effet, gagna une manche à Henley et surtout, le 6 octobre, une équipe à huit de l’Union des Sports athlétiques battit, à Andrésy, sur la Seine, l’équipe du London Rowing Club qui certes ne s’attendait pas à sa défaite pas plus du reste que les nôtres à leur victoire. Ce fut un beau jour ; M. Ch. Fenwick, le si dévoué vice-président de la Société d’Encouragement, s’était appliqué à le préparer, aidé de ses collègues et de M. Lefebvre ; il y avait apporté tous ses soins. La journée fut parfaite ; le style et la tenue de nos hommes plurent infiniment à leurs adversaires qui remportèrent chez eux une durable impression. À remarquer que le vice-président du London Rowing Club qui avait tenu à accompagner l’équipe était un Français résidant en Angleterre, M. Monteuuis ; il ne savait trop s’il devait rire ou pleurer.

Le match d’Andrésy amena toutefois une complication ; il eut raison des résistances qu’avait jusque-là rencontrées M. Marius Dubonnet auprès des membres de la Société nautique de la Basse-Seine qu’il présidait. Le 18 octobre 1892, il leur adressa un memorandum très pressant dans lequel il exposait l’utilité pour eux de s’affilier sans retard à l’Union des Sports athlétiques. Cette décision fut votée finalement par 82 voix contre 75 ; une si faible majorité nous présageait des ennuis. Mais le pire est que nous nous trouvions placés, vis-à-vis de l’Angleterre, dans la situation la plus fausse. Il n’avait pas seulement fallu faire accepter par l’Amateur Rowing Association l’existence, chez nous, d’une définition de l’amateur différente de la sienne en ce qu’elle admettait les ouvriers ; il avait fallu obtenir aussi une sorte de réhabilitation générale des membres des trois sociétés françaises d’aviron entrées à l’Union des Sports athlétiques. Le terrain sur lequel je m’étais tenu vis-à-vis de M. Le Blanc Smith était le suivant ; jusqu’ici, il n’y avait pas eu de rameurs amateurs en France ; on ne pouvait donc demander aux Français compte de leurs actes ; le point de départ de leur responsabilité amateuriste, en matière de sport nautique, datait de l’entrée à l’Union des trois sociétés dissidentes. Fort bien ; après de longues batailles, ce raisonnement avait été admis. Mais depuis le 5 avril 1892, date de la signature de la convention avec l’A. R. A., la Société nautique de la Basse-Seine avait continué de vivre sous le régime des prix en espèces et s’était par conséquent dis-