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l’aérothérapie et même l’héliothérapie n’ont pas eu beaucoup à progresser, l’hydrothérapie a trouvé sa formule à la fois la plus raffinée et la moins aristocratique parce que peu coûteuse en même temps qu’exquise : le bain-douche. Quand on sait à quels frais minimes peuvent être installés et exploités des bains-douches, il semble inouï — et pas flatteur pour les pouvoirs publics — qu’il n’y en ait pas en fonctionnement dans toute commune de quelque importance. Cela viendra. Et quoi de plus normal que de juxtaposer les bains-douches aux terrains et aux édifices sportifs ?

Nous voici donc avec un embryon de gymnase antique modernisé. Sous quelle forme allons-nous inviter l’art à y pénétrer, en dehors de l’architecture appelée à lui construire son cadre ? Dans le gymnase antique on dansait sans doute, on chantait assurément et songez à ce que peut devenir de nos jours le chant choral avec le répertoire que les siècles lui ont préparé. Hymnes byzantins, chansons de guerre et d’amour venues de Pologne et de Russie, d’Angleterre et de Scandinavie, de France et d’Espagne, d’Allemagne et d’Italie… il y en a à profusion, composant un trésor polyphonique d’une richesse sans pareille. Un quatuor vocal n’est pas si difficile à former et peu à peu il se muera en un chœur nombreux. Ajoutez-y si vous voulez le théâtre de verdure ; l’art ainsi se trouvera installé comme il convient dans le gymnase nouveau.

Mais ce n’est pas tout. Jadis il y avait encore la philosophie. Le maître l’enseignait sous les portiques à deux pas des athlètes. C’était alors une personne plus accessible que de nos jours, moins distante du commun des mortels en ses conceptions et de lan-