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Page:Coubertin Discours Prague 1925.djvu/13

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vergogne. Qu’elles disqualifient impitoyablement ces pseudo-amateurs qui recueillent plus ou moins directement de leur participation à des concours publics de fructueux bénéfices et sont en général beaucoup moins sportifs et en tout cas beaucoup moins respectables que maints professionnels. Le serment individuel imposé à tous sera le meilleur moyen de replacer les épreuves sportives sous le contrôle de l’honneur. Voilà dix-neuf ans que je préconise une telle mesure et je me réjouis de constater que l’opinion s’y est enfin ralliée.

Cette entreprise d’épuration, l’Olympisme rénové en sera le plus efficace artisan à la condition qu’on cesse de vouloir assimiler les Jeux Olympiques à des championnats du monde. C’est parce qu’ils sont imbus de cette idée que certains techniciens cherchent perpétuellement à détruire la constitution olympique pour s’emparer d’un pouvoir qu’ils se croient aptes à exercer dans sa totalité. J’ai tenu à mettre une fois de plus mes collègues du Comité International Olympique en garde contre toute concession de leur part sur ce point. Si l’Olympisme moderne a prospéré c’est parce qu’il y avait à sa tête un conseil d’une indépendance absolue, que personne n’a jamais subventionné et qui, se recrutant lui-même, échappe à toute ingérence électorale et ne laisse influencer ni par les passions nationalistes ni par la pesée des intérêts corporatifs. Avec un conseil suprême composé de délégués des Comités nationaux ou des Fédérations internationales, l’Olympisme serait mort en quelques années et, encore aujourd’hui, si l’on renonçait à cette condition essentielle de durée, l’avenir en serait compromis. Le Comité International a pour tâche de fixer le lieu de la célébration de chaque Olympiade et d’assurer le respect des principes et des traditions qui sont à la base de cette célébration. Lui seul, grâce à son mode de recrutement, est assuré d’y réussir. Aux Comités nationaux il appartient de régler la participation de chaque pays aux Jeux quadriennaux. Quant aux Fédérations internationales, c’est leur droit parfaitement légitime d’exercer en toute liberté la direction technique des concours. Que l’harmonie règne entre les trois pouvoirs : Comité International, Comités Olympiques nationaux, Fédérations internationales, ce sera le bon moyen de maintenir les jeux Olympiques au niveau désirable.