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société d’économie sociale (séance du 18 avril 1887).

tion d’un autre genre : de même que les prix mis au concours comportent parfois de petites sommes d’argent, le système des amendes est fort pratiqué, surtout quand il s’agit d’un dommage réparable en payant. Si un élève s’endettait quelque peu et que ses parents se refusassent à le tirer de ce mauvais pas, nul doute même qu’on le forçât à vendre ses bibelots et ses gravures pour amasser ainsi la somme nécessaire. L’enfant apprend de la sorte à se conduire : il agit à ses risques et périls et doit d’avance calculer le résultat de ses actions ; les conseils bienveillants ne lui manquent pas, à condition qu’il aille les chercher ; il y a à côté de lui quelqu’un qui veille, mais le dos tourné ; qui répondra à l’appel, ne le devancera pas.

Il semble que dans un collège ce n’est pas tant la faute en elle-même qui est inquiétante (Dieu nous préserve des enfants impeccables, disait Fénélon) que la faveur avec laquelle elle peut être envisagée par les camarades. Or, pour que la résistance à l’autorité ne devienne pas glorieuse, les Anglais ont pensé que le meilleur moyen à employer était de faire résider l’autorité ou une part d’autorité dans le milieu même d’où pouvait venir la résistance : c’est un de leurs principes favoris que l’on n’obtient la stabilité qu’en intéressant le plus de personnes possibles au maintien de ce qui est. Transporter l’application d’une telle maxime dans une société d’enfants, c’était à coup sûr bien hardi ; Arnold, pas plus que les autres, n’a hésité et voici comment il apprécie lui-même cette mesure : « Je ne puis, dit-il, admettre ni en théorie ni en pratique, le système en vigueur dans nos public schools et qui tend à laisser tant d’indépendance aux enfants, à moins que les élèves de la classe supérieure ne puissent servir d’intermédiaires entre les maîtres et le reste de l’école, et transmettre ainsi aux autres par leur exemple et leur influence de bons principes de conduite, au lieu des principes très imparfaits qui règnent généralement dans une société d’enfants laissés libres d’estimer eux-mêmes le bien et le mal. » Pour lui, les élèves de la Sixth Form (la plus haute classe) et plus spécialement les praepostors et les monitors, c’est-à-dire les 15 premiers investis du pouvoir, étaient comme « des officiers dans les armées de terre et de mer » et il ajoutait : « Quand j’ai confiance en eux, il n’y a pas de poste en Angleterre que je voulusse accepter en place de celui-ci ; mais s’ils ne me soutiennent pas, je dois me retirer. » Ne croirait-on pas entendre le chef d’un état constitutionnel parlant de ses ministres ? L’autorité des monitors a subi des variations ; on a beaucoup fait pour enrayer les abus du fagging, espèce d’esclavage qui en avait découlé d’abord : les grands aujourd’hui comprennent mieux leurs devoirs et abusent assez rarement de leur puissance. « Leur autorité, m’écrivait dernièrement un professeur de Harrow, leur autorité est franchement po-