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LAUSANNE


La capitale du pays de Vaud fut, tour à tour à travers les âges, une ville romaine et une ville épiscopale, un centre de plaisir et un centre d’affaires, une cité autonome et une cité captive. Ainsi se formèrent son particularisme pittoresque et cette âme intense qui l’imprègne d’un charme encore si perceptible malgré le modernisme de ses plus récentes transformations.

L’antique Losonium s’était installée plus bas dans la plaine, à la bifurcation des routes conduisant de Vevey à Besançon et de Genève à Avenches. Elle occupait une trentaine d’hectares entourés de villas. Dans la salle des Pas-perdus de l’Hôtel de Ville se voit encore une inscription relatant que le « curateur » d’alors, un certain Publius Clodius Primus de la tribu Cornélia implora au nom de ses administrés le Soleil et la Lune pour la « bonne conservation » (comme diraient les Vaudois d’aujourd’hui) de l’empereur Marc-Aurèle.

Probablement pillés et dispersés vers le ve siècle par les bandes barbares dont les passages répétés désolaient la contrée, les habitants de Losonium abandonnèrent un site trop exposé et ils allèrent se grouper sur les hauteurs voisines bizarrement escarpées et relativement faciles à défendre. Mais ce ne fut pas l’esprit guerrier qui les pénétra. Le christianisme progressait aux environs et bientôt se forma autour de la première cathédrale et des monastères qui lui firent escorte une puissance ecclésiastique incontestée. À vrai dire, il y eut là trois groupements d’abord distincts. D’un côté du ravin de gauche, des Burgundes avaient fait bloc ; d’où, croit-on, le nom de Bourg que perpétue une des principales rues du Lausanne actuel. Et au delà du ravin de droite une autre agglomération s’était placée sous l’invocation de Saint-Laurent. Entre ces sommets coulaient au fond des ravins deux ruisseaux vers