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Page:Coubertin Une Olympie moderne 1910.djvu/22

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une olympie moderne

D’un autre côté, le système des invitations qui satisferait parfaitement les exigences de dignité et de mesure de l’institution olympique est malaisément recommandable parce qu’il supprime complètement le chapitre recettes. Il semble qu’un système mixte pourrait être mis en pratique, lequel consisterait à vendre un certain nombre d’entrées à des prix élevés et à distribuer les autres avec tact et intelligence parmi ceux qui ne peuvent pas payer. C’est là une manière assez moderne et assez démocratique d’envisager les choses. Il y a toute une catégorie de gens qui marquent d’autant plus d’intérêt à un spectacle que ce spectacle coûte plus cher. Cette catégorie existait jadis à Athènes : elle se rencontre de nos jours dans tous les centres où la civilisation est quelque peu avancée.

Mais, en traitant ce sujet, nous sortirions du nôtre. La question « profils et pertes » n’est pas du ressort des architectes auxquels on demande d’imaginer pour les modernes Olympiades un cadre digne de leur passé et de leur avenir. Tout ceci au reste était pour en arriver à fixer un chiffre approximatif de spectateurs. Eh bien ! nous proposerons une moyenne de dix mille. C’est là-dessus qu’on devrait tabler. Nous sommes loin des 70.000 ou 80.000 spectateurs entassés dans les stades d’Athènes ou de Londres. Mais ces dix mille, nous pouvons du moins escompter leur assiduité et puis ils ne détruiraient pas l’esthétisme du cadre.

Ils ne la détruiraient pas à condition d’être bien répartis. Pour cela, il conviendrait de chercher à éviter ces fâcheux gradins où l’entassement s’opère et dont l’ensemble compose une figure lourde aux arêtes géométriques, déplaisante aux regards et faite pour nuire à tout ce qui l’entoure. Vous pouvez chercher à embellir une tribune par tous les moyens et la placer au sein du paysage le plus avenant ; une fois remplie, elle dessine presque toujours un bloc hideux. Les pelouses et les terrasses permettent d’éviter cet inconvénient. Là, les spectateurs ont la liberté de se mouvoir. S’ils se groupent, c’est pour un instant ; si les silhouettes de leurs groupements sont vilaines, elles sont du moins changeantes. C’est quelque chose. Naturellement, l’aménagement de pelouses et de terrasses exige beaucoup plus de terrain disponible. Il exige aussi passablement d’art et de goût. Il y faut de l’irrégularité, de la fantaisie et de l’ordonnance tout à la fois ; et surtout il faut que les exigences techniques soient respectées, qu’un emplacement ne commande pas l’autre, qu’ils ne se masquent pas la vue