Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/401

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sçavoir que les princes voisins de France, poussez d’une rage entièrement diabolique, firent contre l’Estat françois une maudite ligue, dont les trois principaux moteurs estoient les roys d’Angleterre et d’Espagne et le duc de Lorraine. Le factum du complot, rédigé et signé à Londres, fut porté à la signature de Madrid par le sieur Milour Montagu, qui le debvoit ensuite présenter au prince Charles. En conséquence, après avoir traversé la Gaule Narbonnoise, le Lyonnois et la Bresse, il fit halte à Besançon, pour illec se rafroichir. Puis, costoyant la Comté et cherchant les chemins les plus asseurez pour entrer en la Vosge et arriver droit à Nancy, il fut prins en un petit village appelé Ruaulx, par le seigneur Charles de Livron, marquis de Bourbonne et seigneur souverain dudit Ruaulx, qui le guettoit et poursuyvoit depuis son entrée en France, sans avoir encore treuvé l’occasion favorable pour se saisir de sa personne. Il le conduisit à son chasteau de Bourbonne, et le mesme soir, après souper, environ les unze heures, il fit assembler les soldats mousquetaires pour le transférer en la citadelle de Coiffy, luy disant : « Monseigneur, vous avez soupe chez moy, mais vous prendrez la peine de venir coucher chez mon maistre le roy, en sa maison de Coiffy. » Six semaines après, suyvant les ordres de Sa Maiesté, et assisté du grand prévost de France, le marquis de Bourbonne conduisit son prisonnier à Paris, en passant par Lengres, le 10 décembre 1627, de la par Grancey, Tonnerre, Nevy et aultres lieux, avec les lettres, chartes et paquets qu’il portoit de la part des souverains ennemis de la France. Or, ceste prinse valut au dit sieur marquis une des quatre lieutenances générales