Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/618

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ceux qui en resentoient le dommage implorer les forces de leur roy pour en estre délivrés. Et de faict deux ou trois campagnes sont passées avec des menasses et préparatifs d’attacquer la place, sans venir à aulcune exécution, jusqu’à ce que, le quinziesme septembre mil six cent quarante-un, ayant esté assiégée par une armée, soubz la conduitte du conte de Grandcey, et le lendemain laschement rendue. Son Exc., voulant pourvoir au reste du plat pays, se mit promptement en campagne, print cartier à Charriez, puis à Vesoul. Le vendredy vingtiesme du mesme mois, pour recongnoistre l’estat de la ville et rasseurer par sa présence le peuple grandement esfrayé de l’entrée si soudaine de ceste armée et pour mieux scavoir la contenance de mouvements de l’ennemy, elle auroit envoyé d’heure à aultre des coureurs et espies qui luy en rapportoient les particularités, comme ils firent le sambedy suyvant au matin de la prise du chasteau de Saint-Remy et de l’invasion et saccagement du bourg de Faverney, où l’abbaye ne fut espargnée. Sur ceste nouvelle, S. E. touchée de compacion et d’un soin paternel en ceste extrémité, voyant les femmes et enffants et aultres personnes incapables de se deffendre courir le mesme risque escrivit avant son départ à M. de Mandre, à la prière du sieur maïeur de ladicte ville, pour envoyer gens de la garnison de Besançon à Sourans, au rencontre de ceux qui se vouldroient retirer, et oulfrit jusques audict lieu une trouppe de ses cavaliers pour les y convoyer. Mais l’espouvante estait telle dans l’esprit de la bourgeoisie, qu’elle n’y print aulcune résolution.

Et sependant Son Exc. commanda aud ; vic. maïeur d’envoyer un messager aux capucins de Jussey, avec ordre qu’aussitost que l’armée marcheroit soit d’un costé ou d’un aultre, l’un d’eux s’en dheut venir icy donner advis en toute diligence. Cela fut exécuté ponctuellement. Le messager despesché sans lettre rend compte de sa commission. Le mercredy l’un desd. religieux vint à la ville rapporter qu’elle marche, en deçà et s’est saisy des chasteaux d’Artaufontaine et Rey abandonnés, et que, pour estre mieux instruict, il a esté au camp à Chauvirey, à prétexte d’y visiter deux Pères de sa robe, qui l’accompagnent continuellement, et obtenir par leurs faveurs saulvegarde pour le couvent de Jussey. Le comte de Grandcey l’ayant apperceu l’interroge, luy faict ouverture de son desseing et enfin tombe en propos de la ville de Vesoul, et luy déclaire ouvertement, qu’il la destine à ses trouppes pour