Page:Couillard-Després - Louis Hébert, premier colon canadien et sa famille, 1913.djvu/12

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Nouvelle-France, sans s’arrêter longuement sur les travaux de Louis Hébert et des siens.

Malgré l’opposition formelle des Associés de la Compagnie des Marchands, Louis Hébert ouvrit les premières clairières dans la sombre forêt ; il bouleversa le sol qu’il avait conquis avec mille peines ; il y jeta à pleines mains la semence féconde et eut la joie de recueillir d’abondantes moissons. Ce premier agriculteur de la Patrie canadienne voulait assurer du pain à ses enfants ; il travailla avec un courage si grand qu’à sa mort, arrivée en 1627, ses champs produisaient plus de blé qu’il n’en avait besoin pour l’entretien de sa maison.

Louis Hébert eut un digne collaborateur dans la personne de son gendre, Guillaume Couillard, qui fut aussi le continuateur de ses travaux. À ce dernier, selon toute probabilité, revient l’honneur d’avoir, le premier, labouré la terre avec la charrue. Quand la famine de 1628-1629 menaça de faire périr les habitants de Québec, Couillard les soulagea de tout son pouvoir en partageant avec eux le peu de blé qu’il avait récolté sur ses terres.

La Nouvelle-France succomba, en 1629, sous les coups des Anglais ; M. de Champlain, le deuil dans l’âme, fut obligé de repasser dans la mère-patrie avec les Français. La famille de Louis Hébert ne voulut pas quitter ses champs ; elle avait pris déjà de trop profondes racines sur le sol fécond de la Patrie canadienne. Elle ne put se résigner à abandonner le fruit de tant d’années de labeurs et de souffrances. Durant trois ans, isolée du monde entier, perdue au milieu des bois de l’Amérique, elle attendit avec anxiété le jour où il lui serait donné de revoir des figures amies. Enfin ! en 1632, la France revint sur nos rives à la grande joie de ces pauvres exilés qui avaient tant