Page:Couillard-Després - Louis Hébert, premier colon canadien et sa famille, 1913.djvu/39

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dit aux ordres de la reine, et il remit aux Jésuites tous les effets qui leur appartenaient. « Tant ce jour-là que le lendemain, écrit la Relation, on fit bonne chère à Hébert, et à son compagnon afin que cette arrivée ne leur fût pas triste. Au départ, quoiqu’ils ne fussent pas dans la disette, on leur laissa un baril de pain et quelques flacons de vin, à ce que l’adieu fût pareillement de bonne grâce. »

La Saussaye se dirigea ensuite vers la côte et il s’arrêta à l’embouchure de la rivière Pentagouët, sur l’Île des Monts Déserts. D’après M. de Champlain, il y bâtit à la hâte un petit fort qu’il nomma Saint Sauveur. Cette recrue, d’environ soixante-et-cinq personnes en comptant les trente-cinq hommes de l’équipage, aurait été bien plus utile à Port-Royal. Le fort était spacieux, solide, à l’abri d’un coup de main. Les défrichements y étaient avancés, et la récolte s’annonçait superbe. Le territoire de Port-Royal n’était pas, comme celui de Pentagouët, contesté à la France par l’Angleterre. Ces deux postes, trop faibles pour se défendre, succombèrent peu de temps après.

Au mois de juin, Samuel Argall, sous-gouverneur de la Virginie, se dirigeait dans ces parages en escortant des bateaux pêcheurs. On lui apprit qu’un établissement était à se former à l’embouchure de la rivière. Bien qu’on fût alors en pleine paix, il se décida à attaquer La Saussaye. Celui-ci se mit sur la terre ferme pour protéger le fort qui se trouvait sur l’Île que Lamotte-le-Vilain commandait.