Page:Couillard-Després - Louis Hébert, premier colon canadien et sa famille, 1913.djvu/51

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de salut. Le Père Joseph Le Caron confessa tout le monde et lui-même se mit en état de paraître devant Dieu. Le plus grand émoi régnait sur le bateau. Mais ce qui toucha les passagers et les attendrit jusqu’aux larmes, ce fut de voir Mme Hébert élevant par les écoutilles le plus petit de ses enfants afin qu’il reçût aussi bien que les autres, la bénédiction du bon Père. « Les voyageurs échappèrent au naufrage d’une manière miraculeuse. »

À Québec le navire était attendu avec anxiété. On n’espérait plus les revoir : « On avait prié Dieu pour eux, écrit Sagard, les croyant morts et submergés. » Après treize semaines de navigation tous arrivèrent enfin à Tadoussac : « ayant été dans l’appréhension continuelle de la mort et si fatigués qu’ils n’en pouvaient plus. »

Afin de permettre aux passagers de prendre un repos mérité on fit escale à Tadoussac tandis que le Père Joseph Le Caron continua son voyage jusqu’à Québec. Le dimanche fut passé en prières. Les charpentiers, les matelots, élevèrent à la hâte une chapelle avec des branches de sapins et de cèdres. Mme Hébert et ses enfants l’ornèrent de fleurs sauvages. Le Père Paul célébra ensuite la Sainte Messe en présence de l’équipage, à genoux, dans le plus profond recueillement. Qui dira les sentiments de reconnaissance que Louis Hébert rendit au Ciel pour l’avoir conduit à bon port avec les siens ! Ce fut au bruit des fusillades que Notre-Seigneur descendit sur l’humble autel du sacrifice. Le capitaine fit tirer plusieurs