Page:Coulanges L Enclos - Lettres de Mme de Coulanges et de Ninon de L Enclos, Coquette vengee.djvu/260

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répondis ; il me dit encore quelquʼautre chose ; je lui fis aussi quelquʼautre réponse, mais jʼaffectais toujours de mettre dans ce que je disais quelque pointe ou quelque mot extraordinaire. Il me reconnut provinciale ; il me fit alors cent questions sur mon pays, sur ma naissance, sur mon nom, sur ma demeure, sur les livres que je lisais. Que ne dit-il point contre Balzac, Voiture et tous les faiseurs de lettres, de comédies et de romans ! On abandonne lâchement la connaissance des choses solides pour s’attacher aux mots. Il me tint un grand discours là-dessus avec tant de chaleur, que souvent il en roidissait le bras et fermait le poing. Trouvez bon, me dit-il à la fin, que j’aie l’honneur de vous aller voir, et vous en saurez plus en un mois que tous ces conteurs de bagatelles ne pourraient vous en apprendre en toute votre vie. Il n’y aura point de grand sujet, dont vous ne puissiez parler sur-le-champ ; d’une ligne que je vous dirai, vous pourrez tirer mille conclusions et former mille discours.