Page:Coulanges L Enclos - Lettres de Mme de Coulanges et de Ninon de L Enclos, Coquette vengee.djvu/266

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se disait lʼauteur, aussi bien que des paroles. Il était jaloux généralement de tous les hommes ; il censurait tout ce qu’ils disaient ; il n’en trouvait pas un qui raisonnât à son gré ; ils étaient tous ou des ignorans ou des étourdis. Notre sexe même, qui est sacré et inviolable parmi les honnêtes gens, n’était point pour lui plus privilégié que tout le reste ; il s’érigeait en censeur de toutes les beautés ; il se mêlait de juger du caractère et du tour dʼesprit que chacune avait, avec une présomption si grande, qu’il semblait, à l’entendre, que nous n’eussions de grâce que ce qu’il lui plaisait de nous en distribuer.

Cela attira sur lui une conjuration universelle de toutes les femmes et de tous les hommes qui venaient chez moi. On ne m’en dit rien, parce qu’on savait bien que j’eusse eu pitié de lui, et que j’eusse rendu le complot inutile en le découvrant.

Comme ils épiaient sans cesse quand il me viendrait voir, il leur fut aisé de le surprendre dans ma chambre. Il y arrivèrent