J’ai dit que les livres ne tombent jamais au hasard entre nos mains, qu’ils sont « des voix dans l’espace », les agents des Dieux mêmes. À chaque instant quelque fait vient renforcer ma conviction.
Il y a trois ans, dans le salon de lecture de l’hôtel, un journal anglais illustré, The Illustrated London News, ouvert sur la table attira mon regard. « Tiens, fis-je, une exposition de chrysanthèmes ! » Je le pris et j’eus un petit sursaut. Une exposition de chrysanthèmes !… Eh bien, les chrysanthèmes étaient une multitude de têtes humaines ! Mon erreur n’était pas causée par ma vue qui est excellente, mais par le groupement serré d’une foule de Terriens qui, à Tower Hill, écoutaient le discours d’un député socialiste. La moitié de l’assemblée se présentait de face, l’autre moitié de dos. Tous étaient coiffés de casquettes, et ces casquettes arrondissaient les crânes et leur donnaient vraiment l’aspect de gros chrysanthèmes. Chaque fois qu’il m’arrive de prendre ainsi conscience de nos
