Page:Coullet et Juglar - Extraits des enquêtes parlementaires anglaises sur les questions de banque, 1.djvu/52

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autrichien pendant la dernière campagne et que l’on trouvera dans l’appendice. L’état actuel de la circulation du Portugal offre aussi un exemple du même genre.

Des exemples d’une autre sorte, dans lesquels la dépréciation est produite par l’excès seul du papier peuvent être recueillis dans l’expérience du Royaume-Uni à différentes époques.

En Écosse vers la fin de la guerre de Sept ans, les opérations de banque avaient pris un développement excessif ; et par l’usagé d’insérer dans leurs billets la clause facultative de payer à vue ou à six mois de vue avec intérêt, la convertibilité de ces billets en espèces à la volonté du porteur était effectivement suspendue. Par suite ces billets subirent une dépréciation par rapport au numéraire et, tant que dura l’abus, le change entre Londres et Dumfries, par exemple, fut quelquefois de 4% au détriment de Dumfries, tandis qu’entre Londres et Carlisle qui n’est pas à trente milles de Dumfries, le change était au pair. Les Banques d’Édimbourg, lorsque leur papier était apporté à Londres pour y être échangé contre des billets, avaient l’habitude de reculer ou d’avancer la date de l’échéance des billets qu’elles donnaient suivant l’état du change ; diminuant ainsi la valeur de ces billets, presque à un degré égal à celui auquel l’émission excessive avait déprécié leur papier. Cet excès de papier fut enfin écarté en garantissant des billets sur Londres à une date fixe ; il était nécessaire de pourvoir au payement de ces billets ou en d’autres termes, au payement de cet excès de papier, en plaçant des sommes considérables en numéraire entre les mains de leurs correspondants à Londres. À l’appui des mesures de précaution prises par les Banques d’Édimbourg, un acte du Parlement défendit les clauses facultatives et supprima les billets de 10 et de 5 shillings. Le change entre l’Angleterre et l’Écosse revint promptement à son taux naturel ; et des billets sur Londres à une date fixe ayant toujours été donnés depuis en échange pour les billets formant la circulation de l’Écosse, tout excédant appréciable du papier écossais sur celui de la Banque d’Angleterre s’est trouvé ainsi prévenu, et le change est resté stationnaire.

L’expérience de la Banque d’Angleterre elle-même, dans une courte période après son premier établissement, fournit une preuve très-instructive à l’appui des principes exposés ci-dessus. Alors les effets de la dépréciation de la monnaie par l’usure et la rognure, eurent pour corollaire une émission excessive de papier. Les directeurs de la Banque d’Angleterre n’avaient pas encore acquis une