Aller au contenu

Page:Coulombe - Les mystères du château Roy, 1900.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 13 —

vec ce vieil homme ruiné, et que je n’aime pas quand il y a toi qui es jeune, joli et plein de vigueur, et encore mieux, que j’aime. Mais puisque tu crains nous allons nous faire un serment et nous lier par le sang. Tout en parlant elle se leva, prit un verre et lui demanda un canif. Elle enleva son manteau et se fit une incision à l’avant bras gauche. Elle laissa couler un peu de sang dans son verre et essuya la plaie avec son mouchoir. Elle lui présenta ensuite le canif et lui dit : — Fais comme moi.

Pierre prit le canif et se fit la même opération, et lui aussi fit couler son sang dans le verre que lui présentait son amie, et qui se mêla à son sang.

Jeanne s’empara alors du verre, et elle en absorba quelques gouttes après quoi, elle lui passa le verre qu’il vida d’un seul trait.

— Eh ! bien Pierre tu ne pourras plus douter de moi maintenant, nous sommes désormais liés l’un à l’autre À LA VIE À LA MORT.

Et remettant son manteau elle s’apprêta à sortir, mais il la retint.

— Écoute Jeanne, nous ne sommes pas pour nous quitter aussi promptement que cela, nous n’aurons peut-être pas l’occasion de nous revoir en tête-à-tête bien longtemps. Reste, donne-moi encore une fois de cette ivresse. Oh ! si tu savais ma chérie, comme il me faut t’aimer pour consentir à un tel sacrifice.

— Moi aussi, il me faut me sacrifier tout autant que toi, mais c’est pour toi, je t’aime tellement mon chéri.

Oui, ils s’aimaient tous les deux c’était un amour enflammé, né d’un seul jet au contact de la double étincelle de leurs beautés et de leurs désirs, un amour né de la chair, absolu, assoiffé, immédiat et fatal.

Huit mois de cela, huit mois de baisers, de caresses et de bonheur pas une seule ombre, pas une minute de lassitude ou de dégoût. La seule chose qui les préoccupait c’était l’argent ils venaient de trouver ce qu’ils cherchaient avec tant de convoitise, ils étaient donc heureux, et c’était fête pour eux.

Le lendemain matin on aurait pu voir Jeanne seule dans un taxi l’air rêveuse, se faisant reconduire chez elle.

Ce même jour qui était le jour de l’an Jeanne alla chez sa voisine Madame Lavallée pour lui faire ses souhaits et elle fit dans la même visite connaissance avec Monsieur Roy qu’elle invita à lui rendre visite chez elle. Il se rendit donc un jour à son invitation et à partir de ce jour M. Roy s’était chargé des visites. Les choses allèrent si bien que M. Lavallée fit remarquer un jour à son épouse : On