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Page:Coulombe - Les mystères du château Roy, 1900.djvu/43

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se souciant peu des besoins du ménage. Alors devenu seul avec Rita il l’obligea donc à gagner sa vie, ce fut très dur pour elle, mais Rita avait beaucoup de cœur et accepta donc cette charge si pénible surtout pour une jeune fille de son âge.

Mais les choses ne durèrent pas longtemps ainsi car Alfred qui accablait Rita de reproches de toutes sortes parce qu’elle ne pouvait lui fournir tout l’argent qu’il aurait désiré pour ses caprices, lui disait qu’elle était paresseuse, que si elle avait plus de cœur elle trouverait sûrement le moyen de gagner plus d’argent et la fin de ces scènes se terminait toujours par des menaces qui forçaient Rita à remettre à son père tout l’argent qu’elle avait en sa possession, et celui-ci prenait aussitôt le chemin de l’auberge pour en revenir ivre et sous l’effet de l’alcool, recommençait une autre scène encore plus cruelle. Ces scènes finirent par faire germer dans l’esprit de Rita l’idée de s’enfuir vers Montréal engagée comme servante elle n’aurait plus de ces scènes et n’aurait plus qu’elle à penser. Elle l’eut plus d’une fois cette idée de s’enfuir mais il lui était impossible de se décider à la mettre à exécution jusqu’à ce qu’un soir Alfred étant entré plus ivre qu’à l’ordinaire et voulant se rendre coupable de voies de faits, elle s’enfuir dehors pour lui échapper et en sortant elle lui entendit crier dans sa rage de l’avoir échappé « Je ne suis pas ton père ».

Il voulut partir à sa poursuite mais la boisson eut raison de ses jambes et il tomba lourdement sur le plancher. Il proféra des jurons et tenta de se relever mais ce fut impossible. Et quelques minutes plus tard il tomba dans un sommeil de plomb.

Alors Rita qui le regardait par la porte restée entrouverte à sa sortie vit qu’il n’y avait aucun danger, rentra dans la maison, rassembla le linge qui lui appartenait, en fit un paquet et ayant mis son manteau et son chapeau, sortit aussitôt et sans hésitation elle prit la route qui conduisait à Montréal avec l’idée bien arrêtée de ne jamais revenir vers ce père qui venait de la renier.

Après qu’elle eut marché quelques milles, la fatigue ne tarda pas à se faire sentir surtout après avoir besogné ardûment toute la journée pour subvenir aux besoins de la maison.

Elle fut donc forcée de s’assoir de temps à autre, marchant par petites étapes qui se faisaient de moins en moins longues.

Après quelques heures de cette marche pénible, exténuée de fatigue, elle se laissa choir sur le bord du fossé afin de prendre un peu de repos mais cette fois la fatigue eut raison de sa volonté et de son courage et les premiers rayons du soleil la surprirent dormant d’un sommeil de plomb.

Quoiqu’il fût très à bonne heure, une automobile vint à passer. Le conducteur ayant aperçu la jeune fille ralentit son véhicule et arrêta