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Page:Counson - Malherbe et ses sources, 1904.djvu/117

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parlant d’Armide[1], dans les Amours de Marie[2] et dans bien d’autres sonnets de Ronsard. Elle est même souvent appliquée au même sujet, et Brizeux, plein de réminiscences virgiliennes, appelle encore Louise, morte « à sa quinzième année » :

Fleur des bois par la pluie et le vent moissonnée[3].

Seulement, cette image est amenée chez les divers écrivains par des raisons diverses. Chez les uns, elle est l’expression spontanée d’une imagination fleurie ; chez les autres, elle est le ressouvenir des classiques, utilisé tantôt avec un sentiment réel de la nature et de l’art, tantôt avec la complaisance d’un versificateur heureux de faire une belle description, comme Desportes quand il montre Damon blessé

  1. Jérusalem délivrée, chant XX, CXXVIII, v. 5 et 6 :

    Ella radea quasi fior di mezzo inciso
    Piegando il lento collo : ei la sostenne.

  2. Sonnet :

    Comme on voit sur la branche… :
    Mais batue ou de pluye ou d’excessive ardeur…

    Cf. Ronsard, t. I, p. 36 :

    Comme un beau lys, au mois de juin, blessé
    D’un rais trop chaud, languit à chef baissé,
    Je me consume au plus vert de mon âge.

    C’était du reste le lieu commun le plus rebattu de la poésie française du temps de Malherbe.

    Une grande quantité de ces images ont été groupées par M. H. Guy, Mignonne, allons voir si la rose… Réflexions sur un lieu commun (Bordeaux 1902).

  3. Brizeux, Marie, La chaîne d’or (Le convoi de Louise). Brizeux est imprégné de souvenirs de Virgile, ce qui s’explique par son éducation (v. Souriau, Les cahiers d’écolier de Brizeux, 1904). Sur l’image de la rose, voir plus loin le chap. VIII : Sources françaises.