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aussi bien des poètes italiens et français que d’Ovide. Le cri de triomphe de l’amant : « Lauriers, couronnez-moi[1] ! » ressemble toutefois singulièrement à celui d’Ovide[2], et Malherbe peut fort bien l’avoir pris au livre qu’il présentait à son neveu. Il lui a pris aussi des pensées plus graves, si toutefois il a eu besoin d’un modèle pour écrire :

En ce fâcheux état, ce qui nous réconforte,
C’est que la bonne cause est toujours la plus forte[3].

Il ne représente pas, en ce qui concerne Ovide, une transformation de l’imitation française : la mythologie n’a pas chez lui meilleure grâce que chez ses prédécesseurs : elle est même plus factice, quoique moins savante, car il ne l’emploie que parce qu’il la considère comme un décor nécessaire. Quant aux idées qu’il a pu prendre à Ovide, elles sont trop banales pour caractériser une œuvre, et elles n’ont pas reçu du poète français ces formes qui se gravent à jamais dans la mémoire.

Ch’acqueta l’aereLaura dolce e pura,
Ch’acqueta l’aere, e mette i tuoni in bando

(Pétrarque, Sonnet XC. In vita di Laura.)

Cf. aussi Virgile, Églogue VII, v. 59, et Desportes, p. 15.

  1. Malh., I, 297.
  2. Ite triumphales circum mea tempora, lauri.(Amores, II, XII, 1)
  3. Malh., I. 70. On a rapproché de ce passage celui d’Ovide :

    Frangit et altollit vires in milite causa ;
    Et nisi justa subest, excutit arma pudor.

    On avait depuis longtemps trouvé des idées graves dans Ovide ; on sait que l’imitation de Jésus-Christ lui emprunte une sentence.