Page:Counson - Malherbe et ses sources, 1904.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 158 —

sources qu’offrent les latinisants de la Renaissance aussi bien que les anciens[1]. On sait comment il jugeait les poètes français en latin : « Si Virgile et Horace revenoient au monde ils bailleroient le fouet à Bourbon et à Sirmond[2] ». Mais un autre jour il envoie à Peiresc « des vers latins faits par un nommé Syrmond » qu’il trouve « des plus beaux qu’il vit jamais ». « L’auteur, dit-il, me doit venir voir ; je lui en demanderai un autre exemplaire, que je garderai, car certainement je ne les ai lus qu’une fois, mais je les trouve parfaits : il fait quelque chose en françois, mais non passibus æquis[3]. »

Il apprécie aussi les vers latins de Grotius que Peiresc lui envoie, y faisant seulement des observations de détail ; ceux de Bertius lui « semblent d’un bon sens et bien raisonnés[4] ».

Il imite même les latinisants. Les premiers vers qui nous soient restés de lui sont des traductions du latin de Jacques de Cahaigne et de Rouxel à propos de la mort de Geneviève. Sa Prosopopée d’Ostende est une traduction de Grotius, de qui Sarasin traduira plus tard le Myrtillus. Quand, en 1606, Henri IV demande des vers à Malherbe, celui-ci fait chercher les vers latins que Barclay avait composés pour le roi d’Angleterre[5] ; il « estime tout ce

  1. Pierius (Malh., III, 1),
  2. Racan (l. c., p. LXXX).
  3. Malh., II, 484. Malherbe propose même un remaniement des vers latins qui circulent à propos des Jésuites.
  4. Malh., III, 545-6.
  5. III, 5. Il dit (III, 53) qu’il les a reçus.