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Ensuite Malherbe a retrouvé dans l’Aminte les bergers et les devins, et surtout l’amour, avec des traits particuliers, qu’il aura soin de reprendre. Mopsus figurait comme devin dans Ovide, comme berger dans Virgile mais c’est sous l’aspect qu’il avait dans l’Aminte que Malherbe nous le montre à deux reprises :

Mopse qui nous l’assure a le don de prédire[1].

L’amour surtout est, dans les pièces amoureuses de Malherbe, souvent copié de l’Aminte : d’un côté comme de l’autre, on conclut suivant la formule qui est déjà celle de Catulle, qui est celle du Tasse[2] et du Guarini[3], qui est celle de tous les poètes italianisants de France : aimons, puisque la vie est courte. C’est ce que répétera encore Lamartine :

Aimons donc ! aimons donc ! de l’heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons ;
L’homme n’a point de port ; le temps n’a point de rive,
Il coule, et nous passons.

Il faut donc se faire une philosophie et une morale qui ôtent tous les obstacles : comme le premier pouvait venir de la belle, il sera entendu que, comme disait déjà Dante après les anciens, tout être aimé doit aimer à son tour. C’est pour n’avoir pas suivi la bonne doctrine du cœur que Silvia subit les reproches de Dafne :

Che se creduto
L’avessi, avresti amato chi t’amava
[4].

  1. Malh., I, 232, et aussi : « Mopse, entre les devins… Cf. « il saggio Mopso… » dans l’Aminte, I, II.
  2. Aminta, I, chœur final.
  3. Pastor Fido, IV, chœur.
  4. Aminta, acte IV, sc. I.