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Page:Counson - Malherbe et ses sources, 1904.djvu/194

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constances — mais il en revient sans une admiration de commande : « Ils jouent la comédie qu’ils appellent Dui simili qui est le Menechmi de Plaute. Je ne sais si les sauces étoient mauvaises ou mon goût corrompu, mais j’en sortis sans autre contentement que de l’honneur que la Reine me fit de vouloir que j’y fusse[1] ». Deux ans après ce spectacle, il eut à en contempler un autre qui lui plut moins encore ; le célèbre Marino arrivait en 1615 à Paris, précédé d’une gloire européenne, et il était reçu en triomphe à l’hôtel de Rambouillet, et fêté par les lettrés épris de poésie italienne[2]. Beaucoup d’écrivains, et de non moindres que Lope de Vega, ont cru que l’illustre Napolitain éclipserait à jamais le Tasse lui-même par ses pointes subtiles, ses images éblouissantes, ses développements sans fin et ses hyperboles inouïes. Mais le vieux Malherbe ne fut nullement sensible au génie nouveau, et celui-ci le lui rendit en railleries, l’appelant « homme fort humide et poète fort sec ». Le réformateur « eut plus que les rieurs de son côté : il eut la nation », a dit Nisard ; cela est plus exact de l’opinion de 1650 que de celle de 1615, car « la nation » de 1615 — pour autant qu’on puisse employer ce terme

  1. Malh., III, 337 (lettre du 17 septembre 1613). Voyez Rigal, Alexandre Hardy, p. 108 et suiv.
  2. Voyez de Puibusque, Histoire comparée des littératures espagnole et française, t. II, p. 37 ; Demogeot, Tableau de la littérature française au XVIIe siècle avant Corneille et Descartes, p. 213 ; Arnould, Racan, p. 220 ; Fr. De Sanctis, Storia della letteratura italiana (7e éd.) II, p. 220 ; A. Belloni, Il Seicento (Storia letteraria d’Italia, Milano, Vallardi), p. 70. — On verra quelle attention ou accordait encore à Marine à la fin du XVIIe siècle en lisant l’article qui lui est consacré dans les Jugements des savants de Baillet (no 1404).