Ainsi confus de merveilles,
Pour tant de vertus pareilles
Qu’en toi reluire je vois,
Je perds toute connoissance,
Et pauvre par l’abondance
Ne sais que choisir en toi.
L’artifice de la nature,
Qu’il tient suspendu son désir,
Et ne sait en cette peinture
Ni que laisser, ni que choisir :
Ainsi quand, pressé de la honte
Dont me fait rougir mon devoir,
Je veux mon œuvre concevoir
Qui pour toi les âges surmonte,
Tu me tiens les sens enchantés
De tant de rares qualités,
Où brille un excès de lumière,
Que plus je m’arrête à penser
Laquelle sera la première,
Moins je sais par où commencer[1].
Malherbe, on le voit, remplace « la vierge errant par une prée », qui fait songer à la bergère à laquelle Boileau comparera l’églogue, par « l’homme », et il ajoute à son modèle plus de raisonnement que de poésie.
Desportes aussi a laissé des traces dans les vers de son impitoyable commentateur. Comme tous deux pétrarquisent et connaissent également bien les poètes latins et italiens, il est naturel que le chantre de Diane et celui de Caliste se ressemblent souvent : ils ont la même habitude de parler de « ce qui les travaille », des « beaux yeux, chers soleils », de « Philis », des belles âmes qui meuvent les beaux corps[2], et de s’écrier : « Amour en soit loué ! », d’animer la nature par la présence de l’amante ; et tel vers de Desportes auquel Malherbe n’a rien trouvé à redire[3] :