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FABLES ORIGINALES

FABLE XVIII.

Le Ministre des Finances.


Un prince riche avait mangé son bien.
De son argent il ne lui restait rien.
Se procurer le couvert et le vivre,
Il le fallait absolument pour vivre.
Ah bah ! dit-il, si je n’ai pas d’état
Je servirai modestement l’État.
Et le voilà martelant à la porte
Du cabinet de la Sublime-Porte,
Où sa Hautesse, Edil-Bey, le sultan,
Réunissait les pachas au Divan.
Il tombait bien. Sur l’article finance
Le Grand-Visir critiquait la gérance
D’Abul-Hamid, le ministre actuel,
Par le Divan accusé de recel.
L’impôt perçu, la caisse est plus que vide.
Il a tout pris le Turcoman avide.
Condamnons-le pour nous venger du tort,
Au fer du pal… puis, remplaçons le mort.
À ce moment le prince se présente,
Les assurant que l’emprunt et la rente,
Entre ses mains monteront jusqu’au ciel,
Ni plus ni moins que la tour de Babel.
On l’écoutait. Mais confier sa bourse
À ce gaillard demeuré sans ressource,