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FABLES ORIGINALES

Docile et bon enfant
À la voix du cornac, devant la galerie,
Il valsait à deux, à trois temps.
Un spectateur parmi les assistants
Le pas dansé lui montre une brioche,
L’animal, tout heureux, affriandé s’approche.
Pour manger le gâteau. Le tentateur l’empoche,
En riant aux éclats de ce tour de Gavroche
Qui l’amuse beaucoup. L’attrapé moins en rit,
Il s’éloigne vexé, concentrant son dépit.
La bête avec l’instinct se conduit mieux que l’homme
Avec le jugement.
Plus d’un, choqué du tour, eut par ressentiment
Au farceur fait toiser le sol de l’hippodrome.
L’éléphant retourné sans malice au travail,
Dispose un caravansérail.
Pendant qu’il s’acquittait d’une scène comique,
Toujours mauvais plaisant le spectateur le pique.
Grand émoi du cornac. Son élève est clément ;
Aussi tranquillement
Il continue à remplir le programme.
Des tapis sur le dos il promène la femme
D’un Indien rajah
Dans un riche hâoudah.
Superbe ainsi, l’assistance l’acclame.
Qu’invente le plaisant pour le faire tomber ?
Il retire le banc qu’il allait enjamber.
Ah dam ! il le paya. L’éléphant qui s’emporte
L’écrase sous ses pieds. Et le dompteur rapporte
Qu’on lisait dans son œil, étincelant brûlot :
Deux, c’est assez, mais trois… c’est trop.