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FABLES ORIGINALES

Qu’ils soient bons, qu’ils soient sots, français ou moscovites,
Ils n’ont ni bornes ni limites.

Un octogénaire d’Alais,
Songeait à s’engager dans les nœuds d’hyménée.
D’après les médecins, sa santé condamnée
Ne lui permettait plus de quitter son fauteuil.
Le podagre vieillard ne faisait point son deuil
Des charmes du foyer que le cœur revendique.
Il projète d’aimer une jeune beauté ;
Elle aura des enfants:Max, Arthur, Frédérique,
Lucas et Dorothée.
Les marmots grandiront ; ils iront à l’école ;
Plus tard, l’aîné marchand, gagnera le pactole.
La fille mariée, un petit-fils naîtra ;
Puis deux, puis trois, puis quatre ;
Ils auront tous l’esprit du bon roi Henri quatre.
L’eau coulant sous le pont, ces enfants à leur tour
Berceront des bébés, objets de leur amour…
Au tableau, le vieillard souriait… quand la goutte
Qu’il redoute
Frappant comme un stylet, l’étreint si rudement,
Que la race, en son chef, mourut subitement.

À quatre-vingts ans l’on projète,
On fait des plans pour l’avenir ;
À mille on en aurait une centaine en tête,
Oublieux que l’on doit mourir.