Page:Coupey - Fables originales, 1881.pdf/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
156
BIBLIOGRAPHIES

seigneur ; il n’est que le serf des Thémiranoff. La princesse sollicitée de l’émanciper, s’y est toujours refusée, elle n’entend le libérer que de sa propre volonté.

Pleine d’égard pour ses talents, sa valeur, elle se montre envers lui royalement protectrice, le présente dans ses salons aux fières aristocraties russes, polonaises et étrangères, comme le plus noble des seigneurs, l’une des gloires du pays. Les préjugés nobiliaires le repoussaient bien, mais elle l’impose, et force est de se soumettre aux volontés de cette femme toute puissante en cour. Le Comte est, d’ailleurs, digne du rang auquel on l’élève et des desseins qu’on a sur lui. Latone Thémiranoff aime son serf et veut s’en faire aimer. Le comte admire la princesse, mais son cœur n’est pas libre, il s’est donné à une jeune serve que l’auteur a baptisée d’un nom nouveau, si poétique, qu’il ne peut manquer de devenir populaire ; ce nom est Adore ! Adore Kouranine, la vierge des Steppes, répond à son amour. Ils en font mystère, connaissant celui de Latone, et ne voulant pas exciter un orgueil blessé de se voir préférer une esclave. Mais la princesse découvre leur secret et tait de son côté sa découverte. Avec une noblesse sans égale, avec toutes les ruses de l’autocratie russe, toutes les influences de la richesse, le prestige du rang, les idéals de l’artiste, les opulences de cour, elle lutte pour ne se point trahir, vaincre Lazienski en générosité et le jeter à ses pieds. À son anniversaire de naissance elle va jusqu’à le libérer et lui donner une fortune princière. André, riche des dons de Latone, ne peut plus sans indélicatesse épouser Adore. Il se soumet à attendre que la loi d’émancipation soit signée et que la princesse renonce à son projet. Mais lorsqu’il veut du moins racheter Adore aux seigneurs de Stroski, il apprend que sa fiancée a