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FABLES ORIGINALES

FABLE XIII.

La Faiblesse


Si la faiblesse n’est pas vice
Facilement elle y conduit.
Un jardinier des environs de Nice
De son jardin cultivait le produit.
Pour la cueillette et le double sarclage
Deux garçonnets à peu près du même âge
Le secondaient. François était voleur,
Il dérobait habilement la fleur,
Le plant, le fruit. Jean ne se prêtait guère
À ces larcins ; mais riant de son faire
Ne le dénonçait point, et mangeait quelquefois
Une orange, un api, dérobé par François.
Au bien d’autrui vite l’on s’accoutume,
Plus vous prenez, plus le désir s’allume
D’en prendre encor. Un jour sur un prunier
De jaunes mirabelles,
Jean tenait le panier,
Appuyait les échelles.
Le jardinier le voit, s’élance, et mon voleur
Va pourrir en prison, comme un vil malfaiteur.

De résister au mal n’ayant eu la sagesse
Il expia deux ans sa coupable faiblesse.