Page:Coupey - Fables originales, 1881.pdf/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
72
FABLES ORIGINALES

Vider le sucrier, ronger le pain, le riz,
Pour aller caresser tendrement la maîtresse,
Se frotter à sa jupe et faire avec souplesse
Rouler la boule de papier
Devant la loge du portier.
À lui les os garnis, le café, les biscottes,
Le coin du feu, les caillebottes.
Nourri comme un sultan, Kit, favori dodu
N’avait pas l’air morfondu
De Kat, le frère aîné, dont la maigreur extrême,
Le poil ternit, le museau blême
Donnaient à supposer qu’il logeait dans ses flancs
Les vendredis, les quatre-temps,
Et six semaines de carême.
Il méritait pourtant d’être plus dorloté
Que l’angora gâté
Mais un animal laid nous est antipathique.
Nous aimons, malgré nous un attrayant physique.
Aurait-il au moral des vices, des travers,
On lui pardonne tout : ainsi va l’univers.


FABLE XII.

La Faim.


Un loup rôdait en quête d’une proie,
Mais ne pouvait déjeûner à cœur joie,
Ne trouvant pas la brebis ou l’agneau
Qui broute l’herbe à l’écart du troupeau.