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FABLES ORIGINALES

Courrouça les brebis. Elles fuirent du bois
Où ces dames broutaient. Le faon et le chamois
Acculés par les loups tournèrent en croquettes
En bons beafstecks, en côtelettes ;
L’épervier tua le pigeon,
L’autour enleva le dindon ;
L’Anglais apercevant une île surgissante
En pleine mer d’Asie, aborde, et drapeau plante.
La conquête indigna le frère américain,
Qui la lui disputa les armes à la main.
Au sein de l’Océan les habitants des ondes
Se livrent à huis-clos des guerres furibondes.
Le lionceau rugit : la paix amis, la paix !
Cent millions de voix lui répondent : jamais !…
Il veut recommencer son admirable prêche,
Mais lui-même flairait au loin la viande fraîche ;
Égorgeant le berger, il mangea le mouton
Sans laisser au chacal un petit rogaton.
Dès lors c’en était fait de la paix sur la terre,
Le pacte violé fut traité de chimère.

Avec les appétits, l’ambition, la faim,
La guerre a trop d’agents pour qu’on y mette fin.