Page:Coupin - Essai sur J. L. David, peintre d'histoire, 1827.djvu/13

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d’un linge, attend la mort avec une fermeté stoïque. Battoni, qui tenait alors à Rome le sceptre de la peinture, vint voir cet ouvrage, et adressa à David des louanges dont celui-ci dut être d’autant plus flatté qu’en général les Italiens, fiers du souvenir de leur gloire passée, sont peu disposés à rendre justice aux talens qui honorent les autres écoles.

La Peste de Saint-Roch valut à David un autre genre de succès auquel il ne dut pas être moins sensible. Il avait exécuté ce tableau avec une sorte de mystère ; lorsqu’il fut terminé, il engagea ses condisciples à venir le voir dans son atelier. Frappés d’étonnement à la vue de cet ouvrage, mais combattus par les idées qu’ils avaient suivies jusqu’alors, ils hésitaient à se livrer à leur propre sentiment et restèrent muets devant son tableau. Girault, sculpteur, prenant le premier la parole, dit à ses camarades : « Eh ! qui nous empêche de dire que c’est fort beau ». cette courte allocution fut suivie d’applaudissemens exprimés avec cette vivacité et cet abandon qui n’appartiennent qu’au jeune âge.

De retour à Paris, en 1780, David exécuta son Bélisaire, pour lequel Pierre, alors premier peintre du roi, lui donna des conseils éclairés, et qui lui valut, l’année suivante, son admission à l’académie royale de peinture, comme agrégé. Postérieurement, David a fait, avec quelques légers