Page:Coupin - Essai sur J. L. David, peintre d'histoire, 1827.djvu/22

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Des scènes de cette nature ne convenaient pas au talens de l’artiste. Je pense encore qu’il y a un défaut de tact, de délicatesse à ce que Pâris prenne le bras d’Hélène, pour l’attirer vers lui : c’est sa main qu’il devait rechercher ; car c’est la main qui est l’heureux organe des mouvemens de l’âme. Au reste, le reproche le plus grave que l’on puisse faire au peintre à l’occasion de cette composition, c’est qu’elle ne lui appartient pas en propre ; c’est un emprunt, et ce n’est pas le seul qu’il ait fait.

Brutus rentrant chez lui après avoir condamné ses fils, est, comme les Horaces, un tableau exécuté par suite d’une demande faite au nom du roi. Il fut terminé en 1789.

Brutus vient de faire à sa patrie un sacrifice surhumain, et dont un père seul peut comprendre toute l’étendue. En rentrant chez lui, il est venu se réfugier près de la statue de Rome ; bientôt les restes inanimés de ses enfans passent le seuil de sa porte. Il entend le bruit des licteurs, et, plongé dans les plus sombres réflexions, il tourne la tête vers sa famille dont les cris le déchirent et l’importunent tout à-la-fois. Sa figure exprime une douleur farouche qui semblait inexprimable. La mère de ces infortunés jeunes gens, près de laquelle se groupent ses filles éplorées, s’élance les bras étendus. Ici la nature parle seule, et ses accens déchirent.