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EN CHINE

nance ; on le reçoit dans la première pièce, on le sert et on l’expédie. Pour le client habituel, pour le personnage de marque, on use de déférence ; on l’introduit dans une des salles du fond, on le fait asseoir à la place d’honneur auprès d’une table, on lui sert du thé, on lui apporte du feu pour sa pipe ; un ou deux des premiers commis causent avec lui et n’oublient pas de débuter par ces formules d’urbanité qui sont dues même à un inférieur à qui l’on veut témoigner quelque estime ; ils s’informent de ses ordres et s’empressent de faire apporter ce qu’il désire ; ils deviennent prévenants, lui montrent les nouveautés ou les raretés que l’on a en magasin ; ils font l’article, ce qu’ils dédaignent avec racheteur de passage. Lorsque le tajen[1] s’en va, on le reconduit jusqu’à sa chaise, comme un homme bien élevé reconduit un visiteur, et on lui adresse les formules d’adieu qui conviennent à son rang, avec cette parfaite courtoisie, parfois un peu humble, où celui qui parle n’oublie cependant jamais qu’il est un homme comme son interlocuteur.

Ces patrons et ces commis, d’extérieur si semblable, sont unis par la communauté de la vie. Il est de règle que tous soient nourris parla maison ; à cet effet, toute maison de commerce a un cuisinier qui prépare les repas communs et sert, deux fois par jour, les vermicelles et macaroni, les choux salés, la volaille ou le porc, qui forment le fond de la nourriture pour la classe moyenne dans le nord. Chacun mange sur le coin d’une table, sur un comptoir, là où il se trouve, l’usage d’une pièce spéciale comme salle à manger étant inconnu en Extrême-Orient.

La plupart des commis couchent aussi dans le magasin ; le

  1. Grand homme, titre d’an haut personnage officiel, Excellence.