Page:Courant - En Chine, mœurs et institutions, hommes et faits, 1901.djvu/268

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qui sait la langue commune ne comprend pas le cantonais par exemple, du moins les deux idiomes sont assez voisins pour qu’en peu de mois il puisse se mettre au courant du second. Il faut ajouter que partout la langue écrite est la même. Mais dira-t-on encore, le chinois, la langue écrite surtout, ne se peut apprendre, il y faut la vie d’un homme ; le lettré qui se présente aux examens à soixante-dix ans, ne la connaît pas encore à fond. Peut-être ce lettré que l’on me cite n’est-il pas des plus forts parmi ses pareils, car on voit des candidats heureux de vingt ans et même moins. D’ailleurs il ne s’agit pas de passer les examens en Chine, et la multitude de connaissances historiques, littéraires, prosodiques, philosophiques qu’il y faut montrer ne serviraient de rien à nos commerçants et à nos ingénieurs ; les marchands, les artisans, le peuple chinois n’en ont qu’une teinture superficielle et ils parlent, ils écrivent dans une langue simple, nette, qui est aussi celle des lettrés et des mandarins dans la vie habituelle, dans les questions d’affaires. Cette langue pratique, on en peut en deux ans de travail, à raison de peu d’heures par semaine, acquérir une connaissance suffisante. Il ne faut donc pas que l’étude du chinois soit un épouvantail ; bien des gens l’ont appris, et qui n’étaient pas exceptionnellement doués ; c’est par suite d’un malentendu que l’on parle ici d’impossibilité, il n’y a qu’une certaine difficulté. Le mot impossible n’est pas français ici, pas plus qu’ailleurs. Il ne faut pas qu’un pareil malentendu subsiste : car de telles erreurs paralysent les bonnes volontés et rendent plus difficiles et plus rares les initiatives fécondes comme celles dont je viens d’entretenir le lecteur.