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LA CORÉE ET LES PUISSANCES ÉTRANGÈRES.

militaires et des conseillers ; les uns et les autres, le général Dye, MM. Denny, Legendre, Greathouse, ont obtenu peu de résultats ; ils n’ont pas su inspirer aux mandarins coréens l’esprit de suite et l’honnêteté ; la tâche était d’ailleurs difficile, peut-être impossible à l’époque. Une maison de commerce existe depuis une quinzaine d’années. Plus récemment des entreprises industrielles, tramways électriques, exploitation d’une mine, ont été fondées par des Américains et leur appartiennent encore.

Pour la France, très redoutée d’abord en souvenir du massacre des missionnaires, les méfiances se sont peu à peu effacées ; grâce à une gestion très ferme et très suivie de ses intérêts[1], les missionnaires nombreux sont respectés, sont entrés en rapports avec les mandarins, ont pu sans difficultés excessives étendre leurs chrétientés ; des maisons de commerce françaises ont été fondées ; un grand nombre de nos compatriotes sont employés comme directeur des postes, directeur d’une école franco-coréenne, ingénieurs de la ligne coréenne de Séoul à Eui-tjyou, conseiller pour les mines, etc.

L’Allemagne et l’Angleterre ont aussi quelques intérêts industriels et commerciaux ainsi que des écoles ; l’Angleterre a un petit nombre de missionnaires et jouit d’une influence sérieuse par M. Mac Leavy-Brown, directeur des douanes.

Quels que soient ces intérêts étrangers, ils ne semblent pas suffisants pour justifier éventuellement autre chose qu’une action diplomatique. L’envoi récent à Séoul de détachements de diverses nationalités n’a eu pour but que la protection des Européens contre une effervescence populaire possible ; vraisemblablement le gouvernement coréen voyait avec plaisir cette mesure qui semblait de nature à écarter les occasions d’intervention pour les troupes japonaises.

Les Coréens eux-mêmes auraient leur mot à dire dans la question. L’antipathie traditionnelle pour le yei nom, le « coquin de Japonais », est universelle ; elle est augmentée par tous les événements que j’ai rappelés, par la présence en trop grand nombre parmi les Japonais de marchands malhonnêtes, de contrebandiers, de faux monnayeurs, de sôsi en disponibilité. Mais d’autre part une minorité plus remuante que nombreuse a partie liée avec les Japonais. Le souverain n’a pas de volonté, les mandarins sont dépourvus d’esprit public, la société est dans l’anarchie. On conçoit difficile-

  1. M. Collin de Plancy qui en 1887 a procédé à l’échange des ratifications du traité franco-coréen, est encore aujourd’hui, après une absence de quelques années, ministre en Corée.