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prendre leurs mœurs ; il méprise tout ce qui n’est pas anglais. Si vous avez affaire à un commerçant anglais, force vous est de parler sa langue, il n’en sait pas d’autre : et de là l’extension dans les ports d’Extrême-Orient du pidgin english, mélange bâtard d’anglais et de chinois, jargon qui n’est parlé que dans les ports, et dans ceux-ci seulement par les gens qui sont en rapport avec les Européens, compradors, interprètes et boys. Mais dans les ports mêmes, un bon nombre de Chinois l’ignorent ; dans l’intérieur, personne n’en a connaissance ; enfin si un contrat, si une pièce quelconque doit être rédigée, jamais elle n’est écrite en pidgin. Cette sorte de langue franque est une barrière entre l’Européen et l’indigène ; elle est le retranchement le plus fort de ces interprètes et compradors qu’il faudrait au moins surveiller. Si les Anglais se contentent du pidgin english, nous, dont le caractère est moins raide, dont l’oreille est moins rebelle, nous devons tirer avantage de notre souplesse : et comme le petit marchand, l’artisan, l’homme de l’intérieur n’apprendront pas de longtemps une langue européenne, c’est à nous, qui voulons trafiquer avec eux, d’apprendre le chinois.

Mais, dira-t-on, la langue chinoise a un grand nombre de dialectes dont quelques-uns sont presque des langues à part. Cela est vrai ; mais il y a la langue commune, que parlent partout les personnages officiels et leur entourage, qui, sous diverses formes très voisines, est la langue des trois quarts de la Chine et spécialement d’une partie du Koang-si, du Yun-nan, du Seu-tchhoan, les provinces les plus proches du Tonkin, celles qui sont naturellement ouvertes au développement de notre commerce, de notre industrie ; et si celui qui sait la langue commune ne comprend pas le cantonais par exemple, du moins les deux idiomes sont assez voisins pour qu’en peu de mois il puisse se mettre au courant du second. Il faut ajouter que partout la langue écrite est la même. Mais dira-t-on encore, le chinois, la langue écrite surtout, ne se peut apprendre, il y faut la vie d’un homme ; le lettré qui se