Page:Courier Longus 1825.djvu/108

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tre bien la nuit que de penser à son Daphnis, qu’elle verroit le lendemain tout le jour, et lui se repaissoit d’une vaine volupté, tenant à grand heur de coucher seulement avec le père de sa Chloé ; de sorte que plus d’une fois il l’embrassa et baisa, croyant en rêve embrasser et baiser Chloé.

Le matin il fit un froid extrême, et tira un vent de bise si âpre qu’il brûloit et perçoit tout. Quand ils furent levés, Dryas sacrifia à Bacchus un chevreau d’un an, alluma un grand feu et apprêta le dîner. Adonc, cependant que Napé entendoit à cuire le pain, et Dryas à faire bouillir le chevreau, Chloé et Daphnis étant de loisir, sortirent tous deux de la maison et s’en allèrent sous le lierre, où ils dressèrent des collets, tendirent des gluaux et prirent encore grand nombre d’oiseaux, en s’entre-baisant parmi continuellement, et tenant tels propos amoureux : « Je suis venu pour toi, Chloé. Je sais bien, Daphnis. A cause de toi, belle, je tue ces pauvres oiseaux.