Page:Courier Longus 1825.djvu/122

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s’évanouissoit en l’air ; mais quand ils vinrent à passer la pointe d’un écueil et entrer en une baye profonde en forme de croissant, on ouït bien plus fort le bruit des rames, et bien plus distinctement le refrain de leur chanson ; pource que le fond de la baye se terminoit en un vallon creux, lequel recevant le son, comme le vent qui s’entonne dedans une flûte, rendoit un retentissement qui représentoit à part le bruit des rames, et la voix des chanteurs à part, chose plaisante à ouïr. Car comme une voix venoit d’abord de la mer, celle qui répondoit de terre resonnoit d’autant plus tard, que plus tard avoit commencé l’autre.

Daphnis qui savoit que c’étoit de ce retentissement, ne regardoit rien qu’en la mer, et prenoit singulier plaisir à voir la barque voguer vite comme voleroit un oiseau, tâchant à retenir quelque chose de la chanson qu’il pût jouer après sur sa flûte. Mais Chloé n’ayant jamais ouï ce resonnement de la voix qu’on appelle écho, tour-