Page:Courier Longus 1825.djvu/161

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qu’après m’être bien empli le ventre, je prends mon couteau, je m’en vas devant la porte de Daphnis, et là je me tuerai tout de bon, et tu n’auras plus à qui tu puisses dire, mon petit Gnathon, Gnathon mon ami. »

Le jeune homme de bonne nature ne put souffrir de voir ainsi Gnathon pleurer et derechef lui baiser les mains et les pieds, mêmement qu’il avoit éprouvé que c’est de la détresse d’amour. Si lui promit qu’il demanderoit Daphnis à son père, et l’emmèneroit comme pour être son serviteur à la ville, où lui Gnathon en pourroit faire tout ce qu’il voudroit ; puis, pour un peu le conforter, lui demanda en riant s’il n’auroit point de honte de baiser un petit pâtre tel que ce fils de Lamon, et le grand plaisir que ce lui seroit d’avoir à ses côtés couché un gardeur de chèvres ; et en disant cela il faisoit un fi, comme s’il eût senti la mauvaise odeur du bouc. Mais Gnathon, qui avoit appris aux tables des voluptueux tant qu’il se peut dire