Page:Courier Longus 1825.djvu/57

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gouverne le monde, et conduit les autres Dieux comme vous avec la houlette menez vos chèvres et brebis. Les fleurs sont ouvrage d’Amour ; les plantes et les arbres sont de sa facture ; c’est par lui que les rivières coulent, et que les vents soufflent. J’ai vu les taureaux amoureux ; ils mugissoient ne plus ne moins que si le taon les eût piqués ; j’ai vu le bouquin aimer sa chèvre, et il la suivoit par-tout. Moi-même j’ai été jeune, et j’aimois Amaryllide ; mais lors il ne me souvenoit de manger ni de boire, ni ne prenois aucun repos ; mon ame souffroit ; mon cœur palpitoit ; mon corps tressailloit ; je pleurois, je criois comme qui m’eût battu ; je ne parlois non plus que si j’eusse été mort ; je me jetois dans les rivières comme si un feu m’eût brûlé ; j’invoquois Pan, qui fut aussi blessé de l’amour de Pitys ; je remerciois Echo, qui appeloit Amaryllide après moi, et de dépit rompois ma flûte de ce qu’elle savoit bien mener mes