Page:Courier Longus 1825.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout pâmé. A peine purent le ranimer les baisers même de Chloé qui le pressoit contre son sein. Ayant enfin repris ses esprits, il s’en fut avec elle sous le hêtre, là où s’étant tous deux assis, il ne faillit à lui demander comme elle avoit pu échapper des mains de tant d’ennemis, et Chloé lui conta tout, son enlèvement dans la grotte, son départ sur le vaisseau, et le lierre venu aux cornes de ses chèvres, et la couronne de feuillage de pin sur sa tête ; ses brebis qui avoient hurlé, le feu sur la terre, le bruit en la mer, les deux sortes de son de flûte, l’un de paix, l’autre de guerre, la nuit pleine d’horreur, et comme une certaine mélodie musicale l’avoit conduite tout le chemin sans qu’elle en vît rien.

Adonc reconnoissant Daphnis le secours manifeste de Pan et l’effet de ce que les Nymphes lui avoient promis, conta de sa part à Chloé tout ce qu’il avoit ouï, tout ce qu’il avoit vu, et comme, se mourant d’amour et de regret, il avoit été par les