plantes, d’une matière colorante fort sensible à l’action des acides. Et puis il s’agit ici des conditions essentielles de la connaissance ou des causes invincibles d’ignorance, et non des circonstances accidentelles qui peuvent faciliter nos recherches, ou les entraver, ou leur imprimer de préférence une certaine direction.
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Le sens de l’odorat est bien supérieur à celui du goût dans l’ordre de la complication organique ; il est à la fois plus spécial et plus perfectionné, car c’est toujours par une plus grande spécialité de fonctions que le perfectionnement de l’organisation s’annonce. Les nerfs du sentiment y dépouillent la sensibilité tactile, en même temps qu’ils cessent d’être en connexion immédiate avec l’appareil des nerfs du mouvement ; et par ce double caractère le sens de l’odorat s’éloigne du sens du goût, pour se rapprocher de ceux de l’ouïe et de la vue. Quoiqu’il soit loin d’égaler en perfection ces deux sens supérieurs, il est manifestement destiné comme eux à donner à l’animal la perception des corps situés à distance ; et il acquiert, chez quelques espèces, un tel degré de finesse, qu’il peut, en prêtant son concours aux facultés du tact et de la locomotion, pourvoir aux besoins de l’animal aussi bien, mieux peut-être, que les sens de la vue et de l’ouïe. Mais, d’autre part, il y a entre les sens de l’odorat et du goût des connexions évidentes ; soit anatomiques, c’est-à-dire tenant à la structure et à la disposition des organes ; soit physiologiques, c’est-à-dire tenant à l’analogie et à la sympathie des fonctions ; à ce point qu’on a pu soupçonner chez certaines espèces, et notamment chez quelques animaux ruminants, l’existence d’un organe approprié à la recherche de leurs aliments, faisant fonction de sens intermédiaire, ou établissant le passage de l’un à l’autre. Tous deux sont en rapport direct avec la nutrition et se développent parallèlement à ce que nous nommons l’instinct, plutôt que parallèlement à l’intelligence de l’animal. Tous deux sont adaptés à la perception d’actions moléculaires, ou d’actions émanées de particules matérielles dans un état de division extrême, chimique ou mécanique. Tous deux enfin, et le sens de l’odorat surtout, doivent, dans l’ordre de la connaissance, être considérés comme des réactifs d’une délicatesse exquise, mais qui n’ont point la propriété de nous renseigner sur la nature des causes productrices de la réaction.