mouvements vibratoires des divers corps sonores ; et la conscience qui n’a pas la faculté de compter ou de distinguer les vibrations une à une, est au contraire très-capable de saisir la régularité des périodes auxquelles sont assujetties les vibrations de la fibre nerveuse. Voilà pourquoi l’oreille n’est plus seulement un réactif, mais aussi un instrument de mesure, lorsqu’il s’agit de comparer entre eux des sons musicaux. Nous nous rendons ainsi compte du plaisir que l’oreille trouve dans les consonances harmoniques et de son aversion pour les dissonances, tandis que nous n’avons pas la moindre idée des causes physiques de l’attrait ou de la répugnance que nous éprouvons pour une saveur ou pour une odeur. En nous élevant dans l’échelle des sens, nous trouvons que la sensation commence à acquérir une valeur représentative, et à cesser d’être une simple affection, incapable de nous rien apprendre sur la nature des causes productrices.
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De même que le sens de l’ouïe contribue de deux manières à l’accroissement de nos connaissances et à la génération de nos idées ; d’abord d’une manière directe, par la perception des sons et des divers phénomènes qui sont du ressort de l’acoustique ; puis d’une manière indirecte et plus générale, en déterminant la construction de l’instrument du langage, à l’aide duquel nous formons et communiquons nos pensées, de quelque nature qu’elles soient ; de même le sens de la vue doit être étudié sous deux aspects : d’une part, en tant qu’il nous donne directement, par une sensation sui generis, la perception de la lumière, des couleurs et de tous les phénomènes dont la théorie constitue la science de l’optique ; d’autre part, en tant qu’il contribue indirectement à nous faire connaître l’universalité des phénomènes du monde physique, en mettant à notre disposition le flambeau qui les éclaire tous ; puisque, de l’action des corps sur la lumière, résulte pour nous la manifestation de l’existence de ces corps, de leurs formes, de leurs dimensions, de leurs mouvements, et des modifications qu’ils subissent par leurs actions réciproques. De ces deux fonctions du sens de la vue, l’une directe et spéciale, l’autre indirecte et générale, laquelle constitue la vision proprement dite, celle-ci doit être mise en première ligne : car, bien que la lumière soit en elle-même un très-digne objet d’étude et quoique l’œil dût encore passer pour un organe