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Déjà nous avons indiqué d’une manière générale comment la connaissance ou l’idée se dégage de l’impression sensible : il y a dans ce travail de l’esprit sur les matériaux qui lui sont fournis par la sensibilité, une série d’analyses et de synthèses, de décompositions et de recompositions, comparables à ce qui se passe dans l’élaboration des matériaux que l’animal emprunte au monde extérieur pour y puiser les principes et en former les matériaux immédiatement appropriés au développement et à la réparation de ses organes. La comparaison est d’autant plus admissible que, dans un cas comme dans l’autre, il ne s’agit pas simplement d’isoler des parties juxtaposées, ou d’agréger des parties isolées : il faut concevoir au contraire que, dans un cas comme dans l’autre, par l’élaboration des matériaux primitifs, faite sous l’influence d’un principe vital, les produits des combinaisons acquièrent des propriétés qui n’appartiennent ni en totalité ni en partie aux éléments isolés ; tandis qu’inversement la dissociation des éléments permet la libre manifestation de propriétés que l’état de combinaison neutralisait ou rendait latentes. La décomposition ou l’analyse à laquelle la force de l’intelligence soumet les matériaux de la sensibilité, se nomme abstraction ; et bien que toutes les idées que nous avons des choses, même de celles qui tombent immédiatement sous nos sens, puissent être abstraites ou séparées de l’impression sensible qui les accompagne (109 et suiv.), on donne particulièrement