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Page:Cournot - Essai sur les fondements de nos connaissances.djvu/269

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Il n’y a rien de plus frappant, dans l’harmonie générale du monde, que l’accord qu’on observe, à tous les degrés de l’animalité, entre le système des organes et des facultés par lesquels l’animal reçoit les impressions du dehors, et l’ensemble de facultés et d’organes par lesquels l’animal réagit sur le monde extérieur pour l’accomplissement de sa destinée propre. Les deux systèmes marchent parallèlement, se développent, se perfectionnent et se dégradent ensemble. À côté du système nerveux conducteur de la sensation, le système nerveux conducteur des ordres de la volonté ; avec des sens plus perfectionnés, des organes de locomotion ou de préhension plus puissants ou plus délicats ; à la suite de perceptions plus obscures ou plus distinctes, des actes plus indécis ou mieux déterminés (91 et 131). Ainsi, l’analogie suffirait pour faire présumer que l’homme, ayant, dans l’ordre de la connaissance, des facultés très-supérieures à celle des animaux, est par cela même appelé à une destinée supérieure et doit accomplir des actes d’une nature plus relevée. Si cette supériorité de l’homme, dans l’ordre de la connaissance, allait jusqu’à lui faire concevoir des vérités absolues et nécessaires, cela seul ferait pressentir, dans la règle de ses actes, l’intervention d’un principe pourvu de ce caractère de nécessité et de rigueur absolue. Ce ne serait sans doute là qu’une présomption, mais une présomption fondée sur une induction rationnelle, comme celle que pourrait saisir un être intelligent, qui, sans appartenir à