Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/103

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qui, raffermissant ses lunettes, parcourut hâtivement la relation du dramatique fait divers.

— Mon Dieu, est-ce possible ! s’écria-t-elle tout à coup les larmes aux yeux. Mais c’est terrible !

— Allons, femme, fit le quincaillier, n’ayez pas peur de me dire… Après ce que nous avons passé…

Et il eut un geste las qui traduisait son indifférence pour des maux accessoires.

— Écoutez…

Et d’une voix tremblante, la vieille dame lut ce fragment d’article : « Parmi les morts, il faut citer M. Antoine L’Hœst, le grand brasseur de Tirlemont et sa femme qui se rendaient aux environs de Jodoigne pour voir leur fille chez les Visitandines ».

Le vieillard resta d’abord muet de pénible surprise. Mais la mort de Prosper l’avait peut-être rendu insensible à toutes catastrophes contingentes. Aussi bien, il s’était détaché de ses parents dont la cupidité intransigeante, l’inflexible rigueur envers leur fille et Prosper l’avaient profondément révolté.

— C’est peut-être leur Dieu qui les punit, murmura-t-il. Que faire à présent ?

Lust s’était approché :

— Vous savez, Patron, que vous pouvez compter sur moi, dit-il, d’un ton décidé. Il y a un convoi à 7 heures à la place Dailly. Je partirai dès qu’Adelaïde sera rentrée. Ne vous inquiétez pas, je me charge de tout…

— Merci, mon brave, répondit le vieillard en