Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/110

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Quelle consolation dans leur douleur si le cher soldat leur eût laissé un petit-fils oui, bien sûr. n’eût pas été moins vigoureux ni moins éveillé nue celui-là ! Oh ! alors, Quelle bonne raison de continuer à vivre ! Et leur rancœur envers les parents de Camille reprenait toute sa force, en dépit de leur ferme propos d’oublier les vilenies de ceux qui n’étaient plus.

Lorsque le terrible accident s’était produit, le brasseur et sa femme se rendaient apparemment auprès de leur fille pour lui faire de nouvelles sommations d’avoir à se conformer au vœu de sa marraine défunte : l’exécuteur testamentaire, un prêtre, avait reçu mandat de choisir l’époux de la légataire, celle-ci étant déshéritée en cas de refus de se marier au gré de l’homme d’église. La guerre n’avait pas encore permis à ce dernier d’intervenir. Mais nul doute qu’il ne sortît tôt ou tard de sa réserve et n’entreprît de persuader la jeune fille en employant toutes les ressources de son ministère.

Ah ! quel chagrin pour les quincailliers s’il arrivait que l’orpheline se laissât convaincre ! Mais ils s’alarmaient à tort : Camille gardait toujours dans son cœur le souvenir du bien-aimé : elle avait juré de refuser tout mariage et ne se préoccupait nullement de la visite éventuelle de ce prêtre d’affaires qu’elle saurait éconduire avec le dédain qu’il méritait.

Non. tout ce qu’elle espérait encore de douceur dans la vie, cette maison, seule, pouvait le lui donner ; elle ne la quitterait plus pour se