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L’ÉTOILE DE PROSPER CLAES

tionnait enfin, empêchant votre poitrine d’éclater. On souriait au passage des vainqueurs éphémères ; le Temps, le meilleur allié, se chargerait de rabaisser leur jactance : un jour, ils rentreraient, en fuyant, dans leurs bauges, combien misérables, combien moins nombreux qu’ils n’en étaient sortis !

Alors, dans les fanfares d’allégresse, la Liberté remonterait sur son trône !



Si la guerre n’avait pas encore altéré l’aspect vivant de la paroisse Sainte-Catherine, il ne s’ensuivait pas qu’elle n’eût déjà causé bien d’affreuses souffrances et d’irréparables deuils dans ces petites maisons, jadis si bruyantes d’activité et de joie ; elles semblaient aujourd’hui se serrer plus fort les unes contre les autres dans l’affliction grandissante, l’angoisse des malheurs futurs.

Les jeunes gens de la classe étaient partis ; les autres, cadets valeureux, disparaissaient chaque jour pour franchir le réseau de foudre des frontières et rejoindre leurs aînés. Bien peu qui ne trouvassent pas insupportable le reproche de lâcheté. Oh ! avoir vingt ans, être jeune et fort, capable de servir bien avant l’âge de la conscription, et s’acagnarder au logis, quelle honte !

Parmi les braves gens de la rue de Flandre, le pauvre Spreutels avait été éprouvé le premier. Ernest, ce bon enfant si éveillé, si dégourdi, était tombé à Boncelles sous les yeux de ses