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CHAPITRE VIII



Comme on abaissait l’immense volet mécanique, le tripier Vergust retroussa ses manches et commença le triage des abatis destinés aux cantines du quartier.

La face mi-cramoisie, mi-bleue, le ventre bridé par un tablier maculé de sang, le gras petit homme ressemblait, avec le coutelas et l’affiloir passés dans sa ceinture, à l’un de ces personnages pantagruéliques échappés de quelque gravure de Gustave Doré.

La grande boutique avait arrêté les frais d’illumination pour ne garder qu’une seule lampe électrique dont la lumière, qui rejaillissait en vives paillettes sur les lambris de faïence, était encore fort suffisante pour permettre aux trois alertes servantes de se livrer, en toute frénésie, au nettoyage du parquet et des étals, tandis que Mme et Mlle Vergust calculaient posément au comptoir le gain de la journée.

La recette devait être assez fructueuse à en juger par l’entrain du tripier à jeter toute sorte de reliefs, peaux, fressures, cœurs de veau, pieds de porc et autres dépouilles de bêtes, dans le panier posé près du billot.