Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Madeleines de Rubens. La chevelure, étagée et trop fournie d’ondulations ne convenait peut-être pas très bien au caractère de son visage qui se fût mieux accommodé d’une mode plus simple. Mais tel quel, cet édifice capillaire ne laissait pas que de faire impression ; aussi bien, le jeune artiste en admirait surtout la couleur rutilante et la soyeuse matière. Comme d’habitude, la jeune fille portait un corsage assez échancré qui découvrait la naissance d’une gorge aux fermes contours au-dessus de la bavette dentelée d’un coquet tablier à pochettes ; cette tenue de travail lui donnait comme un charme de plus, celui de l’intimité.

Cependant, le petit Louis, que les arômes bizarres flottant dans la triperie achevaient de troubler, se rapprocha tout à coup de la jeune fille. Il éprouvait la sensation que l’air était brûlant autour d’elle et comme chargé d’un invincible parfum d’amour…

— Mademoiselle Emma, dit-il avec une sorte de hardiesse mêlée d’embarras, est-ce que vous ne me donnerez pas quelque chose pour ma peine ?

— Eh quoi donc, s’il vous plaît ?

— Oh, vous savez bien ce que je veux dire…

Elle devint sérieuse :

— Non, pas de plaisanterie, savez-vous !

Mais comme elle se retournait sans défiance pour fermer le bahut frigorifique, le jeune homme l’empoigna soudainement par la taille et lui appliqua dans le cou la ventouse ardente de sa bouche.